Park Slope

Revues de presse

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On a visité le « supermarché socialiste » de New York

Pas cher, bio et malin : un supermarché new‑yorkais géré par ses clients prospère depuis quarante ans. Le concept doit être décliné à Paris. Visite guidée d’un lieu sans pareil.

A la Foodcoop de Brooklyn, au rayon légumes

A la Foodcoop de Brooklyn, au rayon légumes – Sophie Caillat/Rue89

(De New York) Quarante ans après sa création, la Food Coop de Park Slope (PSFC), à New York, va faire un petit à Paris. La Louve ne compte ouvrir dans le XVIIIe arrondissement qu’en 2015, mais il a déjà dépassé ses objectifs de levée de fonds sur Kiss Kiss Bank Bank, avec plus de 40 000 euros collectés. Les futurs bénévoles se pressent, espérant faire leurs courses pour 20% à 40% moins cher qu’ailleurs.

A la Coop de Brooklyn, les 16 200 membres travaillent gratuitement 2h45 toutes les quatre semaines pour faire tourner la boutique – 75% de la main-d’œuvre est donc bénévole.

Rue89 a visité ce lieu sans pareil avec Joe Holtz, premier des 60 salariés et désormais directeur général. Son slogan ? «  “La nourriture pour les gens, pas pour le profit”  : on a fait ça pour nous, parce qu’on ne pouvait pas s’acheter à manger.  » Dans l’Amérique des années 2010, c’est encore pire, surtout si l’on veut manger bio.

L'espace livraisons de la Foodcoop de New York

L’espace livraisons de la Foodcoop de New York – Sophie Caillat/Rue89

 

 

 

 

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Food Coop, dans l’ombre de Wall Street, un exemple de socialisme

Ecrit par Gary Nicolas le 01.07.2

Le 2 novembre sortira un documentaire signé par Tom Boothe :

il porte sur une initiative qui s’est lancée en 1973, la Park Food Coop. À cette époque, quelques utopistes ont décidé de monter un supermarché coopératif dans leur quartier. Avec aujourd’hui 17 000 coopérateurs et travailleurs, cette institution se pose comme une alternative « dans l’ombre de Wall Street », alors que la crise économique pèse. 

Beaucoup d’initiatives similaires fleurissaient dans ce début des années 70 — sauf que, le bulldozer néolibéral des années 80 étant passé par là, très peu ont tenu le choc, certaines ont même succombé aux pratiques capitalistes qu’elles dénonçaient…

En 1973, l’endroit comptait 10 coopérateurs : 30 ans plus tard, l’établissement réalise 19,4 millions $ de chiffre d’affaires. Et en 2008, ce sont 14.000 coopérateurs et en 2016, 17.000.

Nageant à contre-courant de tout ce qui définit The American Way of Life, les grands principes de la Park Slope Food Coop sont simples : chaque membre lui consacre 3 heures de travail par mois et en échange bénéficie de produits alimentaires de qualité exceptionnelle à des prix très bas, vérifier sans cesse toutes les étapes de la production à la vente : respecter les circuits courts et favoriser les producteurs partageant la même philosophie. Même la clim est écolo !

Tom Boothe et sa caméra nous frayent un chemin dans les allées de cette véritable institution qu’est devenue la Park Slope Food Coop à la rencontre des coopérateurs dans leur quotidien : tenir les caisses, la manutention, le ménage, la réception des marchandises, qui nous livrent leurs réflexions sur les tensions sociales aux États-Unis, et comment l’esprit qui anime la Park Slope Food Coop représente un potentiel de changement par un projet idéaliste qui invite à l’optimisme.

« Un drôle de parfum d’utopie réalisée flotte dans ses allées de supermarchés… un air d’“un autre monde est possible”, un enthousiasme communicatif lié à de nombreuses raisons dont celle de partager un bien commun, sans actionnaires ni capital. La Park Slope Food Coop est une très mauvaise nouvelle pour le capitalisme, la grande distribution et l’agriculture productiviste… »

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Park Slope Food Coop, le supermarché collaboratif de Brooklyn

À la coopérative Park Slope Food Coop de Brooklyn, tous les membres sont actifs et récoltent les fruits d’un travail partagé.

Alison

À première vue, rien ne distingue la Park Slope Food Coop d’un autre supermarché. Pourtant, le prix des produits – généralement bio et locaux – y est en moyenne 40 % moindre que dans les autres magasins new-yorkais. En charge de la réception de livraisons, de l’approvisionnement, de la caisse, du ménage, et même des gardes d’enfants pendant que les parents font leur courses : des membres de la coopérative. Tous participent au bon fonctionnement du supermarché pendant 2 h 45 chaque mois.

Lorsque la Park Slope Food Coop a été créée en 1973, elle ne faisait pas exception. « À l’époque, les coopératives reposaient vraiment sur l’idée de coopération, se souvient Joe Holtz, l’un des dix fondateurs, aujourd’hui directeur général. Il ne s’agissait pas seulement d’investir ensemble comme souvent aujourd’hui. Dans les années 1970, personne n’aurait pensé à un modèle où les membres ne prendraient pas part au travail. » Mais la formule ne fonctionne pas, faute de volontaires pour huiler la mécanique. Les unes après les autres, les grosses coopératives abandonnent l’idée de partage des tâches.

La Park Slope Food Coop a elle aussi connu des difficultés. « Les membres ne s’inscrivaient pas sur le tableau des tâches à effectuer. Quelques-uns faisaient tout le travail, mais ils se sont vite épuisés, ou ont voulu retourner s’occuper de leur famille ou gagner leur vie », poursuit Joe.  Avec le recul, il reconnait avoir été « un peu naïf ». Mais dès 1974, lui et ses acolytes trouvent la parade, en établissant un système organisant efficacement les tâches. Surtout, ils mettent en place la signature de la coopérative : ceux qui n’y travaillent pas ne peuvent pas s’y approvisionner. « C’était une idée scandaleuse dans un pays libre, mais ça nous a rendus plus forts. Les gens qui travaillaient se sentaient plus reconnus ». Le no work no shop était né.

Un acte civique

La coopérative compte dorénavant 16 200 membres et 2000 m2, pour 70 salariés. Les « clients-travailleurs » se répartissent toutes les tâches quotidiennes nécessaires à la bonne marche du lieu, tandis que les salariés gèrent les commandes, les assurances et la comptabilité. Une grande équipe à l’échelle de l’activité : la coopérative est ouverte 7/7j, 365 jours par an, jusqu’à 22 h !

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